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La vie contée
14 janvier 2017

LA FRONTIERE ET L'AIGLE

C'est l'histoire d'une frontière entre deux contrées, dont les habitants ne cessent de modifier la position...

Tantôt c'est le peuple du Nord qui veut gagner des terres arides car les siennes sont inondées ; et les voilà qui partent à l'assaut des terres voisines, repoussant ainsi la frontière plus loin.

Tantôt ce sont les peuplades de l'Est qui manquent de gibiers et s'emparent des domaines voisins pour y chasser ; la frontière doit encore s'adapter à ces nouvelles demandes.

Tantôt c'est la terre mère qui gronde de l'intérieur et fait jaillir une montagne de colère, bousculant à nouveau la frontière.

« Je me demande bien à quoi je sers dans tout ça !! » s'interroge la frontière « Les uns me trouvent injustement éloignée ; les autres se plaignent de ma trop grande proximité ; on réclame par ici ma propriété alors que là bas , on ne tient même pas compte de ma présence! »

C'est alors que se pose un aigle royal qui lui dit:

« Tu es comme moi, pour survivre, tu dois t'adapter aux courants de vie. Quoi que tu fasses, frontière tu es, frontière tu resteras ; lorsque je suis dans les cieux, je peux me déplacer à condition de me laisser porter par les courants d'air, par la brise et le vent, et ce, quel que soit leur direction y compris s'ils doivent m'amener à l'opposé de l'endroit où je veux me rendre... Je dois m'adapter ; lutter contre ces courants non seulement m'épuise mais ne fait que m'éloigner de ma quête puisque quoi qu'il arrive, le vent est là et il m'amène là où il le désire. Il est là et c'est tout... Que je sois d'accord ou pas, que je m'offusque de la situation ou pas, que je m'acharne contre ou pas, quoi qu'il arrive il est là et c'est tout. Alors je me laisse porter par lui, je profite de là où il m'amène, je me laisse guider avec confiance et attention ; parfois il m'amène en haut d'une montagne, parfois juste au dessus d'une forêt ; je vais de surprise en surprise et c'est délicieux. C'est délicieux d'être juste là, là où je dois être puisque c'est là où je suis alors...

Le jour où tu cesseras de lutter contre qui tu es, contre là où les courants de la vie t'emmèneront alors tu pourras jouir du spectacle que la vie t'offre et non plus de te plaindre de l'endroit où tu vas aller ou de celui où tu étais ; tu seras alors là où tu es, juste à ta place... »

Alors la frontière regarde l'aigle s'envoler en se disant qu'il est à la fois ici dans le ciel et dans les nuages mais qu'il est aussi le ciel et les nuages ; elle prend conscience qu'il n'y a pas de limite entre l'oiseau, le ciel et les nuages ;en fait, ils ne font qu'un...

Puis elle s'aperçoit qu'elle est à la fois terre aride et marécageuse ; qu'elle est champs et forêt ; qu'elle est le gibier chassé et le chasseur ; qu'elle est la terre qui gronde et la montagne qui exulte ; qu'elle est le peuple du Nord et également celui de l'Est ; qu'elle est l'aigle, le ciel et les nuages...

Alors qu'elle venait à peine d'accepter d'être juste une frontière, elle prend conscience qu'elle n'esten fait qu'union... Elle est le tout, simplement, ici et maintenant, traversée et portée par le courant de la vie

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