LA FLEUR DES CHAMPS, L'ENFANT ET LES PASSANTS
C' est l'histoire d'une petite fleur des champs qui aurait voulu pousser dans un plein champs mais qui n'a trouvé de l'espace que dans l'asphalte ;
alors elle devient la coqueluche de ces lieux
tout le monde ne fait que l'admirer
chaque passant s'arrête et s'extasie devant sa beauté
« quelles merveilleuses corolles ! » s'étonnent les uns, en les pinçant entre leurs doigts
« et quelle vive couleur !! » assurent les autres en se penchant au plus près d'elle pour mieux l'épier
et puis la foule des badauds s'agglutine toute autour de la pauvre fleur allant même jusqu'à la priver de lumière
les habitants du quartier alentour se prennent d'une telle sympathie pour la petite fleur qu'à chaque fois que l'un d'eux passe devant elle, il l'arrose, ne prenant garde si son voisin vient de lui déverser un arrosoir entier...
« Assez ! » crie un jour la petite fleur « J'étouffe ! Éloignez vous tous ! »
Mais personne ne comprenant son langage,chacun y va de sa propre interprétation
On fait venir des 4 coins du monde de grands savants pour traduire ce que la petite fleur exprime en ses termes
Un spécialiste des anémones assure, dictionnaire à l'appui, qu'elle réclame encore plus d'attention et de soin ; des habitants se relient alors jour et nuit pour être toujours autour d'elle, la privant dès lors, en plus du soleil, de la moindre brise
Un docteur es pissenlit certifie, après de multiples calculs, qu'il lui faut encore plus d'eau ; alors s'ajoutent aux veilleurs une file de gens qui arrosent à tour de bras, reliant la fleur à la fontaine
C'est alors qu'un petit enfant mu par la curiosité d'une telle foule, se faufile à 4 pattes entre les multiples jambes et s'approche de la petite fleur
« De quoi as tu besoin petite fleur ? » lui demande t il
« Parce que tu crois que tu vas la comprendre peut être ? » pouffe le gendarme
« Quand bien même elle lui répondrait ! » s'amuse la maîtresse
« De quoi as tu besoin petite fleur ? » renchérit l'enfant, sans le moindre intérêt pour les propos lancés au dessus de lui
« J'ai besoin d'air ! Mes racines sont trop à l'étroit... J'ai besoin de plus d'espace, car ma place n'est plus ici... J'ai cru que je devais venir ici, parce qu'on avait besoin de moi... La vérité c'est qu'à trop vouloir combler le désir des autres, j'en oublie mes besoins vitaux... J'ai besoin de lumière et leur présence oppressive m'en prive. »
« Ah »lui répond l'enfant « je vois que tu as de sérieuses difficultés... Et que pourrais je faire pour t'aider ? »
« Lui dresser un grillage tout autour pour la protéger des enfants !! Voilà qui serait une bonne idée ! » rit dans sa barbe le gendarme en s’apprêtant à empoigner l’enfant par le fond de la culotte
« Pourquoi pas la gaver d'engrais ? » propose la maîtresse « Je trouve que les fleurs sont de plus en plus petites de nos jours. De mon temps, nous arrivions à maturité beaucoup plus vite »
La petite fleur reste alors coi, résignée à ce qu'on décide à sa place ce que l'on suppose bon pour elle. Alors le petit enfant appelle ses amis qui font une file à 4 pattes sous les jambes des passant trop occupés à discuter en vain de ce qu'il faut ou ne pas faire pour s’apercevoir de la situation...
L'un met de la terre dans ses mains et la traverse dans les mains de son voisins qui la transvase dans celle du suivant, jusqu'à arriver au petit enfant qui joint ses mains jointes, emplies de terre à la petite fleur
Celle ci y plonge alors ses racines et ils partent tout les deux vers la vaste prairie